Cet ouvrage est une réflexion sur les difficultés de l’élite africaine à utiliser les concepts occidentaux appris dans les écoles qu’elle a fréquentées pour jeter les bases d’un développement autonome du continent dont elle a hérité aux lendemains des indépendances.
Ce livre est né des conversations à bâtons rompus, que j’ai de temps en temps avec mes filles.
Le continent africain, vu de l’Europe, provoque en elles, un sentiment mitigé d’attirance et de répulsion. Attirance, parce que c’est celui d’où vient leur père. Répulsion, parce que les images qu’offre l’Afrique, par médias interposés, les confirment dans l’idée, qu’elles se font du moyen âge le plus reculé.
Sans doute est-ce là, un sentiment communément partagé par les enfants de la diaspora noire, de part le monde. Sentiment, souvent justifié par les faits, qui finit par ancrer en eux la conviction, que l’Afrique noire est totalement absente de la réalité mondiale, et surtout de la leur. Dans un environnement hostile, contre lequel ils auraient souhaité opposer des valeurs positives, puisées dans les racines continentales de leurs parents, ou de l’un d’eux.
Mais les scènes récurrentes de misère, de dictature, d’atrocité intra-ethnique, de corruption, d’absence de démocratie, de progrès social et économique, renforcent en eux, jour après jour, l’idée persistante que le continent noir ne sera jamais, ni un havre de paix, ni de liberté, ni de droit, ni de prospérité, pour ses habitants. L’image non valorisante, que le continent leur renvoie ne suscite guère en eux l’envie de s’y identifier.
Leur désir de le comprendre, d’appréhender la culture de leur parent, qui en est originaire, reste le plus souvent malheureusement insatisfait. Insatisfaction d’autant plus frustrante que, la société française ignorante, de plus en plus, de ses racines profondément ancrées, dans une culture et une conception traditionnelles de la tolérance et de la fraternité universelle, rechigne à les intégrer totalement.
Julien GUENOU 